ISSN: 2161-0932
M.M. Niang
Objectifs : Déterminer la fréquence de la prééclampsie sévère, préciser le profil épidémiologique et clinique des patientes, évaluer la prise en charge et le pronostic maternel et périnatal et préciser les facteurs associés au risque de complications chez les patientes prises en charge pour prééclampsie sévère à la maternité de l’Institut Hospitalier d’Hygiène Sociale de Dakar.
Matériel et méthodes : Il s’agissait d’une étude rétrospective, descriptive et analytique réalisée sur une période de deux ans (1er janvier 2019 au 31 décembre 2020) et portant sur la prééclampsie sévère. Nous avons étudié les caractéristiques sociodémographiques des patientes, les données cliniques et paracliniques, le pronostic maternel et périnatal et les facteurs associés au risque de complications.
Résultats :Durant la période d’étude, nous avons enregistré 110 cas de Prééclampsie Sévère (PES) parmi les 4290 parturientes, soit une fréquence de 2,6% des accouchements. Le profil épidémiologique des patientes était celui d’une femme d’âge moyen de 29 ans, nullipare (50%), nullipare (45,4%), et mariée (96%), au niveau socio-économique moyen (55,4%), avec des antécédents d’hypertension gravidique (8,3%). L’âge gestationnel moyen à l’admission était de 33 semaines d’aménorrhée avec des extrêmes compris entre 27 SA et 42 SA + 4 jours. La plupart des femmes enceintes étaient porteuses d’une grossesse dont le terme était supérieur ou égal à 37 SA (60%). Le suivi prénatal de Néphropathie Chronique Progressive (NPC) a été réalisé chez toutes nos patientes et était le plus souvent de bonne qualité (60%). Français A l'examen général, une hypertension artérielle diastolique sévère et une hypertension artérielle systolique sévère étaient chacune observées chez 27% de notre population d'étude. Les examens biologiques réalisés avaient objectivé 14 cas d'anémie (12,7%), une thrombopénie chez 11 patients (10,1%), une protéinurie massive dans 1,8% des cas, une cytolyse hépatique chez 4 femmes enceintes (3,7%), une insuffisance rénale avec créatinine sérique élevée dans 5 cas (4,5%) et une hyperuricémie chez 22 patients (20%). L'échographie obstétricale retrouvait 16 cas d'oligohydramnios (15%) et un index de résistance élevé de l'artère ombilicale chez 2 patients (2%). Dans notre étude, 10 patients (9%) avaient bénéficié d'une réanimation en unité de soins intensifs. Le sulfate de magnésium a été utilisé chez 38 patients (34,5%) par voie intraveineuse selon le protocole Zuspan. La maturation pulmonaire a été réalisée chez 38 patients (34,5%) par la bétaméthasone. Un traitement antihypertenseur a été instauré chez 77 patientes (71%) par voie orale (43,6%) ou parentérale (56,4%). Les molécules utilisées étaient dominées par l'alpha méthyl-dopa (36,4%) et la nicardipine (63,6%). Le traitement obstétrical consistait en une évacuation utérine qui était le plus souvent réalisée par césarienne (90%). Les complications maternelles étaient dominées par l'hématome rétroplacentaire (9,1%), le syndrome HELLP (9,1%) et l'éclampsie (2,1%). Nous n'avons enregistré aucun décès maternel. La prématurité (45,8%) et le retard de croissance intra-utérin (RCIU) (26,8%) étaient les complications périnatales les plus fréquentes. Le score d'Apgar à la 5e minute était normal chez 105 nouveau-nés (96,3%). L'asphyxie néonatale n'a concerné que 4 nouveau-nés (3,7%). Le poids de naissance était en moyenne de 3177 grammes avec des extrêmes de 800 grammes et 4000 grammes. Le faible poids de naissance concernait 70 nouveau-nés (63%). Nous avons enregistré 97 naissances vivantes (87,4%) et 14 décès périnatals, soit une mortinatalité de 144,3‰ naissance vivante. Au cours du suivi postnatal, nous avons noté une normalisation des chiffres tensionnels chez 85,5% des patientes. Une contraception a été instaurée chez 107 patientes (97,2%). Il s'agissait le plus souvent d'implants progestatifs (76,4%) ou de Dispositif Intra-Utérin (DIU) (14,5%). Nous n'avons pas retrouvé de facteurs significativement associés au risque de complications maternelles et périnatales.
Conclusion :Malgré la gravité des cas cliniques et les difficultés rencontrées dans la prise en charge, la prééclampsie sévère est associée dans notre pratique à un pronostic maternel et périnatal relativement favorable.