ISSN: 2475-3181
Sondes Bizid, Houssaina Jlassi, Maroua Ben Abbes, Ghanem Mohamed, Ghedira Hela, Hatem Ben Abdallah, Riadh Bouali et Nabil Abdelli
Contexte : La thrombose de la veine porte (TVP) est une complication fréquente de la cirrhose du foie. L'impact de la TVP sur la progression de la maladie n'est pas encore clairement établi. Le traitement anticoagulant est considéré comme efficace dans ce contexte, mais il est associé à des épisodes hémorragiques potentiels.
Objectif : évaluer les facteurs de risque et l’impact clinique de la TVP non néoplasique compliquant la cirrhose, ainsi que le profil de traitement et son efficacité dans la pratique clinique.
Méthodes : Une étude monocentrique rétrospective sur une période de 19 ans incluant tous les patients diagnostiqués avec une cirrhose et une TVP non néoplasique a été menée.
Résultats : Au total, 49 patients ont été inclus dans la présente étude. L'âge moyen était de 60,86±11,61 ans. L'hépatite virale chronique était la cause la plus fréquente de cirrhose (63,2%). La plupart de nos cas présentaient une hépatopathie avancée (89,9% classe B/C de Child) avec un score MELD moyen de 19,27. Les facteurs de risque de thrombophilie, héréditaires ou acquis, étaient : un déficit en inhibiteurs de la coagulation isolés ou combinés (protéine S, protéine C et antithrombine III) chez 19 patients, une mutation hétérozygote du facteur V Leiden chez 2 patients, une mutation hétérozygote du gène MTHFR chez un patient, un syndrome des anticorps antiphospholipides chez 2 patients, une thrombocytémie essentielle chez un patient. Un traitement anticoagulant était indiqué dans la moitié des cas. Les analyses multivariées ont démontré que l'extension du thrombus était le seul facteur prédictif indépendant de recanalisation de la veine porte (p=0,009). Au cours du suivi, une progression a été observée chez 8 % des patients traités par anticoagulants contre 12,5 % des patients non traités (p = 0,12). Notre étude a montré que le traitement anticoagulant n'est pas associé à un risque accru de saignement ou de développement d'autres complications. La survie moyenne était plus élevée chez les patients traités avec succès (38,31 mois contre 23,41 mois, p = 0,204).
Conclusion : Nos résultats confirment que le traitement anticoagulant chez les patients cirrhotiques atteints de TVP non néoplasique n’est pas associé à un risque accru de décompensation de la maladie hépatique, y compris de saignement.