ISSN: 2332-0761
Bardy R
Le développement durable consiste à préserver et à entretenir les biens publics. Cela ressort à la fois de l’aspect intra et intergénérationnel de la définition de Brundtland (« répondre aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs » ; Commission mondiale sur l’environnement et le développement). En conséquence, quiconque utilise les biens publics est responsable de leur préservation, de leur entretien et, lorsqu’ils sont sous-développés, de leur développement et de leur expansion. Le « paiement » de l’utilisation des biens publics est assuré par les impôts et les droits d’accise, et, plus récemment, par des droits tels que ceux prélevés sur les émissions. Cependant, l’ampleur de l’utilisation des biens publics est rarement mesurée à l’échelle nationale, régionale ou locale (le phénomène des biens publics mondiaux n’est que brièvement évoqué dans l’article, car il étudie principalement le « lien macro-micro » entre une économie nationale et les entreprises), et encore moins en termes monétaires. Pourtant, l’évaluation monétaire est le langage des affaires, et lorsque des indicateurs statistiques sont mis en place pour mesurer les progrès du développement durable, il n’y en a presque aucun qui relie la macrosphère au niveau des entreprises. Si l’objectif premier des comptes nationaux est de servir de base à la prise de décision par les pouvoirs publics, les entreprises et les particuliers peuvent également fonder leurs décisions sur les informations recueillies dans les comptes nationaux. On reproche souvent aux entreprises d’utiliser les biens publics gratuitement. Elles pourraient donc vouloir démontrer qu’elles obtiennent un rendement sur le capital investi dans les biens publics qu’elles utilisent ; elles pourraient être intéressées par la valeur de ces biens et souhaiteraient montrer que les impôts qu’elles paient sont au moins équivalents au « rendement » de ce qui est investi dans les biens publics. L’article montre comment cela pourrait être réalisé, en exposant les problèmes théoriques et pratiques et en soulignant les obstacles qui bloquent une solution rapide.