ISSN: 2385-5495
Abdellatif Daoudi
AbstraitIntroduction : Les infections nosocomiales en réanimation néonatale représentent encore aujourd'hui un problème de santé publique par la morbidité et la mortalité qu'elles engendrent. Les pathogènes les plus incriminés sont les entérobactéries appartenant à la famille des bacilles à Gram négatif (BGN), notamment dans les pays en développement, et peuvent représenter 51,5% des cas. Parmi les BGN, Serratia marcescens (S. marcescens) est un pathogène opportuniste ubiquitaire, dont l'éradication de l'environnement est très difficile. Les infections nosocomiales à S. marcescens sont rares chez le nouveau-né et souvent décrites comme des épidémies. L'infection peut survenir chez le nouveau-né sous forme de pneumonie, de bactériémie, de conjonctivite, d'infections urinaires, voire de gastro-entérite dont l'issue est souvent grave, avec une morbidité et une mortalité lourdes ; d'où l'importance d'initier, dès le diagnostic de ce germe, des mesures de lutte avant sa propagation qui peut être spectaculaire. le but de cette étude est de partager notre expérience des infections nosocomiales dues à ce germe, de montrer la gravité de ce germe, avec une revue de la littérature
Contexte : Les infections nosocomiales en réanimation néonatale constituent un problème de santé publique en raison de leurs lourdes conséquences sur la morbidité et la mortalité et du coût important qu'elles génèrent. S. marcescens est devenu un agent pathogène actuellement reconnu pour les infections nosocomiales chez les nouveau-nés, en particulier en cas d'épidémie, ce qui a également été rapporté dans notre expérience. Nous avons collecté 8 cas de bactériémie à S. marcescens pendant 2 mois. Un rapport similaire a été publié en 2010 par Gulcin Bayramoglu et al., comprenant 9 cas, en réanimation néonatale sur une période de 36 jours
Méthode :- Il s’agit d’une étude rétrospective descriptive, réalisée au sein du service de réanimation néonatale (SRN) du CHU Mohammed VI, Marrakech, Maroc. Durant la période épidémique de ce germe, juillet et août 2016, la population de notre étude comprenait les nouveau-nés hospitalisés au SRN, dont l’âge postnatal variait de 0 à 28 jours avec le diagnostic d’infection nosocomiale à S. marcescens, qui a été posé par la positivité des prélèvements bactériologiques au moins 48 heures après l’admission dans notre SRN. Le recueil des données a été fait à partir d’un dossier individuel. La revue de la littérature a été faite sur PubMed incluant les écrits décrivant les épidémies à Serratia marcescens chez les nouveau-nés au SRN.
Résultats : Nous avons colligé huit cas, qui ont été inclus durant la période d’étude, juillet et août 2016, qui correspondait à la période épidémique de bactériémie à S. marcescens. L’épidémie a débuté début juillet 2016 chez un prématuré de 33,9 ans admis pour maladie des membranes hyalines, qui a montré après 3 jours de son hospitalisation des signes de sepsis avec isolement de Serratia marcescens à l’hémoculture, et d’autres cas ont été diagnostiqués tout au long de la période de juillet. L’âge gestationnel moyen de nos patients était de 36 semaines (semaines), avec des extrêmes allant de 33,2 à 40,8 semaines. Les nouveau-nés étaient prématurés dans 75% des cas. Le sex-ratio (garçon/fille) était de 3. Le poids variait de 1130 grammes à 3600 grammes avec un poids moyen de 1853 grammes. La maladie des membranes hyalines était le diagnostic le plus hospitalisant dans 62,5% des cas et l’infection pulmonaire néonatale dans 37,5% des cas. A l'admission, tous les patients ont été traités par antibiotiques à base de ceftriaxone et de gentamicine et 87,5 % des cas ont été ventilés artificiellement. Le diagnostic d'infection nosocomiale a été posé sur une durée moyenne d'hospitalisation de 7 jours, avec des extrêmes allant de 3 à 12 jours. Le diagnostic a été posé devant la présence de signes cliniques et/ou d'anomalies biologiques sur l'hémogramme ou l'ascension de la protéine C réactive avec des hémocultures positives à S. marcescens. Les souches isolées de S. marcescens étaient sensibles dans 75 % des cas aux céphalosporines de 3e génération et toutes sensibles à l'imipénème, à la ciprofloxacine et aux aminosides (amikacine et gentamicine), mais toutes étaient résistantes à la colistine. Après le diagnostic d'infection nosocomiale à S. marcescens, tous les patients ont été traités par imipénème et amikacine. L'évolution a été favorable dans 37,8 % des cas et le décès a été signalé dans 62,5 %. La durée moyenne d’hospitalisation était de 22,75 jours, avec des extrêmes allant de 12 à 34 jours.
Biographie:
Abdellatif Daoudi travaille dans une Unité de Soins Intensifs Néonataux, Centre Mère-Enfant, Hôpital Universitaire Mohammed VI de Marrakech, Maroc.